C'est en 1985 que Georges Vriz met au point une technique qui révolutionne l'art de la marqueterie. Depuis André Charles BOULLE, aucune avancée technique dans ce domaine n'a vu le jour. C'est cette année-là que le rédacteur en chef de la REVUE DES METIERS D'ART intitule son article: "L'évènement du siècle: la méthode VRIZ"
Il est vrai que cette méthode a chamboulé ce qui était resté immuable et rigide pendant des siècles. Cette novation donne aux marqueteurs la possibilité de créer librement, de réaliser des glacis, des fondus au gré du peintre.
La marqueterie revient en force sur les murs, les jeunes s'en accaparent, ils peuvent maintenant faire partager leurs rêves. On vient de toute l'Europe et des Etats-Unis pour appréhender la méthode VRIZ. Fort de cette Renaissance, Georges VRIZ fonde le premier Salon de Marqueterie en 1988.
En 1989, élargissant à l'étranger, LES RENCONTRES INTERNATIONALES DE LA MARQUETERIE accueillent nombre d'étrangers marqueteurs, c'est un franc succès.
L'évènement du siècle : la méthode Vriz
S'il est extrêmement rare de faire un scoop en matière de technique dans le domaine des métiers d'art, où l'on a souvent tendance à croire que tout a déjà été inventé, c'est pourtant le cas pour la nouvelle méthode de marqueterie que Georges Vriz a élaborée.
Si l'on survole les deux millénaires d'histoire de la marqueterie en Europe et si l'on essaie de mettre en lumière les grands événements qui ont ponctué l'évolution de ses techniques, il apparaît à l'évidence que. depuis 2 000 ans, tous les professionnels de cette noble discipline l'ont perfectionnée en pensant JUXTAPOSITION des éléments de placage : que ce soit dans la "tarsia certosina" de l'Empire romain, la "tarsia geometrica" du XIVème siècle en Toscane, et dont est issu le frisage, la marqueterie qui a introduit au début du XVlème siècle des parties ombrées, la "tarsia a toppo" du XVIème siècle qui a préludé à l'utilisation des filets composés, la "tarsia a incastro" à Augsbourg au XVllème siècle qui a donné naissance au "procédé Boulle",... toutes les pièces sont JUXTAPOSÉES. Que ce soit au siècle de Louis XIV où, avec la "peinture en bois" se fixent les techniques de la marqueterie qui a largement contribué à la richesse du XVIIIème siècle, puis sous Louis XVI, pendant le règne duquel apparaissent le chevalet de marqueterie, la découpe élément par élément et le sciage conique, enfin au XIXème siècle avec l'invention de la scie sauteuse à pédalier et avec le perfectionnement du chevalet qui tous deux permettent désormais de scier des paquets de placage avec une grande précision... là encore, et jusqu'en 1985 tout est pensé et réalisé en JUXTAPOSITION.
La démarche de Georges Vriz, qui est passé de la marqueterie classique pour l'ameublement au panneau non figuratif, est plutôt celle d'un peintre et d'un coloriste.
Sans plonger dans des profondeurs techniques insondables, la nouvelle méthode de Georges Vriz consiste à réaliser une marqueterie en superposant non pas des couches de placages mais plusieurs compositions. Georges Vriz utilise d'une manière volontaire et totalement maîtrisée ce qui a toujours été la grande hantise des grands "ponceurs" de l'histoire du bois, c'est-à-dire "la perce". La composition de fond, plaquée sur le panneau, en reçoit une seconde, qui après avoir été "percée" par ponçage à des endroits bien définis, en recevra elle-même une troisième et ainsi de suite.
Ainsi, on obtient tout un ensemble de transparences, de couleurs fondues, sans que le bord matériau, le joint, fasse un arrêt sensible à l'oeil.
La méthode Vriz par SUPERPOSITION peut se conjuguer à la technique classique par JUXTAPOSITION, c'est d'ailleurs le cas dans l'oeuvre présentée en couverture de ce numéro. Tous les marqueteurs qui ont vu les panneaux conçus et réalisés selon cette méthode sont enthousiastes. D'ores et déjà, et bien qu'elle n'ait été révélée que très récemment, un sujet de diplôme de l'École Boulle a été choisi dans cette nouvelle technique.